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29 avril 2005

Editorial international (RFI) du 28/04/2005

Togo : le péché originel

Au moins 22 morts à Lomé : c'est le bilan provisoire des violences qui ont suivi l'annonce de la victoire de Faure Gniassingbé - le fils du général-président Eyadéma - à l'élection présidentielle de dimanche.

Le candidat de l'opposition Akitani Bob vient de se proclamer vainqueur du scrutin.

Les observateurs de la CEDEAO - la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest - estiment que «des anomalies et des insuffisances ont émaillé le vote», mais ne remettent pas en cause «sa crédibilité». Dépendants du port de Lomé qui a remplacé celui d'Abidjan pour leur importations, les voisins du Togo misent, évidemment sur la continuité du pouvoir togolais...

Hier, Washington a jugé insatisfaisant le déroulement du srutin tandis que l'Elysée attend l'annonce des résultats officiels par le Conseil constitutionnel togolais. Plus prompt dans sa réaction, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier a, pour sa part, parlé d'un «succès», qualifiant l'élection de «globalement satisfaisante». La réaction a été immédiate : plusieurs villas et commerces appartenant à des Français ont été pillés, 35 d'entre eux trouvant refuge à l'ambassade d'Allemagne, à proximité de leur domicile.

En dépit de son extrême prudence à ne pas s'immiscer dans l'élection, en dépit d'un alignement scrupuleux sur la CEDEAO, Paris est toujours suspecté par l'opposition de miser sur la continuité d'un pouvoir fondé sur trois piliers :

- les tribus Kabié du nord du pays, démographiquement minoritaires face aux Eoués et autres ethnies côtières;

- l'armée togolaise dont les cadres sont majoritairement issus des tribus du nord;

- enfin, ce qu'on appelle à Lomé, le clan Eyadéma regroupant, outre les cadres de l'armée, les responsables des différents services de sécurité du pays.

Les violences actuelles renvoient ce pouvoir, qui a fait régner la terreur pendant 38 ans, à son péché originel du 13 janvier 1963 : l'assassinat de Silvanus Olympio avec la complicité des services de Jacques Foccart, l'inamovible Monsieur Afrique de la Ve République.

Et l'alternance socialiste n'a pas vraiment changé la donne.

Par conséquent, les conseillers français du clan Eyadéma et le premier d'entre eux le juriste Charles Debbash - bien que qualifié de mercenaire en col blanc par les services de l'Elysée - sont toujours suspectés d'inspirer une diplomatie parallèle qui brouille singulièrement les efforts de Paris réaffirmant sa non-ingérence et sa faveur pour une médiation régionale de la CEDEAO. Détenteur d'un passeport togolais et recherché par la justice française, Charles Debbash continue de conseiller l'état-major de l'armée togolaise qui, indépendamment de Faure Gniassingbé, détient toujours la réalité du pouvoir.

Et on voit mal dans ces conditions comment un gouvernement d'union nationale, à supposer qu'il puisse se constituer, pourrait faire l'économie d'une mise à l'écart de cette armée responsable de toutes les basses oeuvre de l'ère Eyadéma...

Richard Labévière
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