Togo: vers une normalisation
Une délégation de la CEDEAO attendue à Lomé
L'organisation ouest-africaine tente de trouver une voie de sortie avec les protagonistes de la crise politique. Un calme précaire règne dans la capitale
Une médiation africaine se met en place pour tenter de trouver une solution à la crise politique au Togo, où une délégation conjointe de l'UA et de la CEDEAO est attendue ce samedi, alors qu'aucun incident majeur n'a été signalé au cours de la nuit à Lomé.
La situation se normalisait progressivement samedi matin dans la capitale togolaise, où les forces de l'ordre patrouillent toujours. Le calme régnait à l'aube dans les quartiers populaires de Bé et Dékon, fiefs de l'opposition et épicentres des violences provoquées par l'annonce mardi de la victoire de Faure Gnassingbé à la présidentielle du 24 avril.
Les dernières barricades érigées au plus fort des émeutes par les manifestants de l'opposition ont été démantelées par l'armée et signe d'une relative normalisation, le championnat national de 1ère division de football devrait reprendre ce week-end avec deux matchs à Lomé. Une délégation conjointe de l'UA et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) est attendue samedi dans la capitale pour une mission de bons offices.
L'opposition, qui a demandé l'invalidation du scrutin, a affirmé vendredi n'avoir "pas d'objection" à rencontrer l'UA et que dans "l'immédiat, la médiation doit mettre en place un système d'arbitrage des contestations sur le scrutin afin de pacifier le pays". "L'Union africaine, l'Union européenne, l'ONU et les Etats-Unis sont nos interlocuteurs principaux", a souligné le coordinateur de la coalition d'opposition, Me Yawovi Agboyibo qui a affirmé par ailleurs que "la répression a entraîné entre les 24 et 29 avril une centaine de morts, et plus de 300 blessés".
Il n'existe pas, à ce jour de bilan de source indépendante des violences. Par ailleurs, le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, devait se rendre au Nigeria pour s'entretenir de la situation au Togo avec le président de l'organisation panafricaine, le président nigérian Olusegun Obasanjo. Les résultats provisoires du scrutin présidentiel, qui ont accordé mardi la victoire à Faure Gnassingbé, candidat du Rassemblement du peuple Togolais (RPT, ancien parti unique, au pouvoir) avec 60,22% des voix n'ont pas encore été confirmés par la Cour constitutionnelle.
Mais ils sont violemment contestés par les partisans d'Emmanuel Bob Akitani, le candidat de la coalition de l'opposition qui s'est autoproclamé, mercredi, vainqueur de l'élection avant d'en demander l'invalidation. La CEDEAO a, pour sa part, avalisé l'élection, estimant que les "anomalies et les incidents" enregistrés lors des opérations de vote ne remettaient pas en cause la "crédibilité" du scrutin. La CEDEAO a également jugé jeudi soir que "l'autoproclamation" du candidat Bob Akitani, avait été "faite en violation de la Constitution et des lois de la République".
"Voyants au rouge"
Le secrétaire général adjoint de l'Onu aux affaires humanitaires, Jan Egeland, a exprimé son inquiétude devant la situation au Togo, dans laquelle les civils sont victimes de "violences indiscriminées" et où existe "un risque de dérapage". "Tous les voyants sont au rouge actuellement dans nos antennes humanitaires. Il y a beaucoup de violence et un risque de dérapage (...) Nous avons été contraints d'évacuer la plupart de notre personnel international vers le Bénin et les autres pays voisins", a-t-il indiqué. Selon les chiffres du HCR, près de 6.000 Togolais ont trouvé refuge au Bénin, et d'autres ont fui au Ghana, deux pays voisins du Togo.
A lendemain de l'incendie criminel du centre culturel allemand à Lomé et des attaques du gouvernement togolais qui accuse l'Allemagne de soutenir l'opposition, Berlin a demandé à ses ressortissants de quitter "provisoirement" le Togo. Les premiers d'entre eux ont quitté le pays dès vendredi soir. Environ 300 citoyens allemands vivent au Togo, selon le ministère allemand des Affaires étrangères. Le Togo a été colonisé pendant une vingtaine d'années par l'Allemagne avant la Première guerre mondiale, avant d'être remis en 1922 sous mandat français et britannique après la défaite allemande. En 1956, le Togo britannique opte pour son incorporation au Ghana et le Togo français devient une République autonome. Il devient indépendant en 1960.
(Avec AFP)