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7 juin 2005

Au Togo, une partie de l'opposition propose un accord de gouvernement au président Gnassingbé

Le premier ministre pourrait être issu des rangs des partis de opposition qui à l'exception de l'UFC semblent reconnaître la légitimité du nouveau chef de l'Etat

Le laborieux processus destiné à doter le Togo d'un gouvernement a connu, dans la soirée du lundi 6 juin, une brutale accélération qui pourrait aboutir à la nomination d'un premier ministre issu de l'opposition, un mois après la prestation de serment de Faure Gnassingbé, élu président de la République au terme d'un scrutin contesté et violent.

Une délégation composée de représentants de cinq des six partis réunis dans la coalition de l'opposition a été reçue par M. Gnassingbé et lui a soumis une plateforme de gouvernement dont l'acceptation commande, selon elle, sa participation au gouvernement et la nomination d'un premier ministre issu de ses rangs. L'Union des forces de changement (UFC) présidé par l'opposant historique Gilchrist Olympio, principal parti de la coalition, a décidé, à l'issue d'un débat de plusieurs heures, de ne pas se joindre à cette démarche qu'elle juge "précipitée" .

Les autres partis de l'opposition, pressés par les voisins africains du Togo de participer au "gouvernement d'union nationale" promis par M. Gnassingbé, ont, en le rencontrant officiellement lundi soir, reconnu de fait sa légitimité qu'ils avaient violemment contestée au lendemain de l'élection. La plateforme en cinq points qu'ils lui ont présentée inclut des mesures d'apaisement comme la libération des personnes détenues pour des faits liés aux violences pré et post-électorales, la réforme de la Constitution et du code électoral en vue de prochaines législatives et des règles de cogestion concernant les nominations aux emplois civils et militaires. Surtout, les opposants réclament la moitié des postes au sein du gouvernement.

Le pari politique est audacieux non seulement face à un pouvoir omnipotent, mais aussi à l'égard des électeurs de l'opposition demandeurs d'une véritable avancée démocratique mais échaudés par les pièges régulièrement tendus aux opposants du temps du général Eyadéma, qui régna sur le pays pendant 38 ans. "Avant de nous lancer dans l'aventure, nous demandons des garanties, assurait mardi matin Léopold Gnininvi, l'un des leaders de l'opposition. Il ne s'agit pas de partager des strapontins."

Du côté du pouvoir, on se contentait de déclarer que le président avait "pris note" de la plateforme d'une opposition ouvertement désunie et qu'il allait "l'examiner avec sa famille politique" et prendre "très rapidement ses responsabilités" . M. Gnassingbé aurait probablement souhaité que l'opposition, qui revendique le poste de premier ministre, lui suggère un nom. Officiellement, cela n'a pas été le cas, les opposants souhaitant obtenir des assurances avant de s'engager.

INITIATIVES CONCURRENTES

Ces pesantes tractations se trouvent encore alourdies par le climat de désunion sinon de crise que la situation togolaise provoque au sein de l'Union africaine (UA). Samedi 4 juin, Olusegun Obasanjo, le président en exercice de l'Union africaine, a qualifié de "nulle et non avenue" la nomination, annoncée quatre jours plus tôt par Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l'UA, d'un "envoyé spécial" au Togo en la personne de l'ancien président zambien, Kenneth Kaunda.

Du côté de la Commission, l'affaire est qualifiée de simple "problème de communication interne" . Le pataquès reflète en réalité un différend de fond sur le règlement de la crise togolaise et, plus généralement, sur le mode de fonctionnement et d'intervention de l'UA, dont le rôle de médiateur dans les crises africaines s'intensifie.

Depuis le début de la crise togolaise, M. Obasanjo n'a pas ménagé ses efforts pour amener l'opposition à composer avec un président qu'elle estime mal élu. Vendredi 3 juin à Accra (Ghana), il a nouveau rencontré les protagonistes, les pressant de trouver un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale.

Mais l'initiative concurrente de M. Konaré consistant à dépêcher au Togo une "mission d'information" composée de militants des droits de l'homme avait été très favorablement accueillie par les opposants togolais, qui y voyaient aussi un moyen de gagner du temps. En condamnant fermement cette perspective samedi, le président de l'Union africaine a mis fin à ces espoirs, amenant l'opposition à sortir du bois et à composer avec le nouvel homme fort du Togo.

(Avec Le Monde)

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