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26 septembre 2005

Plus de 400 morts lors des violences de la présidentielle

Le rapport de la mission de l'ONU qui a enquêté au Togo en juin dénonce le "principe de l'impunité érigé par le pouvoir" qualifiant de "bricolage constitutionnel" le processus ayant conduit à l'élection de Faure Gnassingbé.  Le même rapport note un déficit d'encadrement dans les rangs de l'opposition.

Bilan macabre!  Les violences qui ont accompagné l'élection présidentielle d'avril dernier au Togo ont fait "entre 400 et 500 morts", selon un rapport publié le 26 septembre  par les Nations unies, qui attribue "la responsabilité principale" de ces violences au pouvoir en place.

La "mission d'établissement des faits" nommée par le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a indiqué avoir mis au jour "le caractère massif et la gravité des actes de violation des droits de l'Homme attestées par le nombre élevé des victimes (entre 400 et 500 morts et des milliers de blessés)".

Aucun bilan officiel n'a été publié par le pouvoir togolais, qui a nommé une commission d'enquête nationale chargée de remettre un rapport sur les événements du printemps dernier. Les estimations varient de 58 morts, selon une association proche du pouvoir, à 811 selon l'opposition. Le rapport de l'Onu note "l'ampleur des disparitions, l'utilisation à grande échelle de la torture et des traitements inhumains et dégradants, les destructions systématiques et organisées des biens et des propriétés".

La mission s'est rendue sur place en juin pour enquêter sur les violences qui se sont déroulées entre le 5 février, date du décès de l'ancien président Gnassigbé Eyadéma, et le 5 mai, après l'élection de son fils Faure Gnassingbé lors du scrutin contesté du 24 avril. La proclamation des résultats avait entraîné des violences, notamment dans la capitale Lomé.

La mission conduite par Doudou Diène, rapporteur spécial de l'Onu sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, souligne "la responsabilité principale de la violence politique et des violations des droits de l'Homme de l'ensemble de l'appareil répressif et sécuritaire de l'Etat (police, gendarmerie, forces armées tous corps confondus)". Ces organes ont agi "en coordination avec des partisans organisés du pouvoir politique", souligne le rapport, qui dénonce "le principe de l'impunité" érigé par le pouvoir.

"La mission a reçu des informations concordantes permettant de confirmer l'existence d'une réelle stratégie de répression" et les forces de l'ordre "ont souvent fait un usage excessif de leurs armes", selon le rapport. Ainsi, "2.500 soldats habillés en civil et armés de coupes-coupes, machettes et gourdins cloutés" auraient prêté main forte aux militants du parti au pouvoir pour réprimer les manifestations de l'opposition. La mission dénonce cependant "le rôle important des militants des partis d'opposition tant dans la montée de la tension" que dans des "actes graves de violence ayant entraîné de nombreuses victimes". Les dirigeants de l'opposition ont péché par "manque d'encadrement de leurs militants".

A propos de l'élection présidentielle, le rapport estime qu'elle a donné lieu à "un bricolage constitutionnel". Le document déplore aussi "la culture de violence", "fondement de la pérennité du pouvoir du président Gnassigbé Eyadéma", et "l'instrumentalisation politique du facteur ethnique et xénophobe". Les violences ont ainsi pris pour cible des ressortissants maliens, dont huit ont été tués, et nigériens (quatre morts).

L'Elysée avait choisi son camp

Les Français ont quant à eux "revécu le syndrome ivoirien", note le rapport, soulignant que "les déclarations d'amitié du président français" Jacques Chirac au défunt président togolais "et l'appui de la France au processus électoral ont été politiquement interprétés comme la confirmation du soutien de la France au pouvoir togolais". Afin de sortir de l'actuelle "impasse politique totale" à Lomé, le rapport suggère une politique de réconciliation nationale fondée sur la vérité et la justice. Or, la Commission nationale d'enquête créée par le nouveau président "ne bénéficie pas de la crédibilité nécessaire", selon le rapport.

La mission réclame le démantèlement de toutes les milices, une "réforme démocratique en profondeur de l'armée" et "la réouverture de négociations avec toutes les composantes de l'opposition" pour la mise sur pied d'un "gouvernement d'union nationale représentatif", avec le soutien des Nations unies.

(Avec AFP)

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